Peter Trojer est un passionné, un explorateur, un véritable artiste du bois; menuisier, mais aussi sculpteur, artisan et créateur, il s’amuse à expérimenter avec divers matériaux, notamment le fer et les différentes essences de bois, à la recherche d’émotions nouvelles et toujours plus captivantes.

Ayant grandi au pied du Mont Blanc, à Verrand, à proximité de Courmayeur, Peter vit, depuis l’enfance, au contact étroit avec la montagne qu’il fréquente comme passionné d’escalade, mais aussi comme professeur de snowboard et de télémark. «Je me suis rapproché du monde du bois par curiosité, poussé par le désir d’expérimenter ce matériau que l’on rencontre si souvent dans la nature. J’ai eu envie de le façonner, de le modeler et de le transformer en observant comment il se comportait et réagissait. Chaque création suscite en moi des émotions diverses, parce que je mets beaucoup de moi-même dans tout ce que je fais», explique Peter. Il entre dans l’atelier d’une menuiserie comme apprenti en 2004, mais il travaillait déjà le fer forgé les années précédentes, guidé par les conseils de Walter Grivel.

«J’aime expérimenter et jouer avec le bois, parce que c’est un matériau vif qui, à partir de la plante, peut se transformer en un accessoire de mobilier ou une oeuvre artisanale unique. Dans mon atelier, je m’exprime et je raconte aussi, en quelque sorte, mon lien avec la montagne et la nature qui m’entourent.»

Sa représentation de saint Bernard est indubitablement l’emblème d’un lien très étroit avec la montagne. Le saint – qui donne son nom aux deux cols alpins qui représentent les voies d’accès de la Vallée d’Aoste au reste de l’Europe – naquît probablement à Aoste aux alentours de 1020 et fut actif dans l’abbaye suisse de Bourg-Saint-Pierre, d’où il partit pour fonder le monastère au sommet du Mont Jovis, aujourd’hui l’hospice du Grand-Saint-Bernard, à 2470 mètres d’altitude, lieu de repos et de réconfort pour les pèlerins et les voyageurs. Ce chanoine humainement simple, toujours prêt à aider les habitants de la montagne, a été proclamé patron des montagnards, des alpinistes et, de manière plus générale, des voyageurs par Pie XI, en 1923. Depuis lors, on le fête le 15 juin dans de nombreux territoires alpins.

«Ce fut un véritable honneur, mais aussi une grande responsabilité, de réaliser la statue que j’ai eu la chance de remettre au pape François à l’occasion d’une audience privée organisée pour le centenaire de la canonisation du saint», raconte Peter Trojer avec émotion. «Je me sens chanceux d’avoir pu serrer la main du souverain pontife, tout comme d’avoir eu accès à certaines des pièces du palais souvent inaccessibles à d’autres. J’ai été honoré de pouvoir amener, grâce à ma passion et à mon travail, un morceau de la Vallée d’Aoste dans ces lieux imprégnés de spiritualité.»

Un autre exemplaire de la statue de saint Bernard a été offerte à l’évêché d’Aoste, pour la cathédrale. Avec ses lignes modernes et audacieuses qui sortent des canons traditionnels, le saint Bernard de Peter Trojer est un condensé extraordinaire de tradition et d’innovation entre passé et futur.

Présent depuis 2008 à la foire millénaire de Saint-Ours, Peter exposera cette année sur la place Chanoux, dans le cadre de l’Atelier des Métiers.