Francis Bacon est considéré comme l’un des peintres les plus exceptionnels du XXe siècle.
Plus reconnu comme un artiste figuratif, il transcende l’apparence de ses sujets grâce à la façon extraordinaire dont il applique et travaille la peinture. L’exposition Francis Bacon : Présence humaine explore son engagement intense en rapport à la complexité du portrait. Elle met en évidence sa réinterprétation d’artistes du passé et des triptyques de grande envergure en mémoire de ses amants disparus.
Une trentaine d’œuvres provenant de collections privées et publiques d’Europe et d’outremer, complétées par des photographies de l’artiste, constitue le parcours de l’exposition qui se veut à la fois thématique et chronologique. Des tableaux de la fin des années 1940 commencent cette présentation qui amène jusqu’à sa période tardive. Une peinture réalisée juste avant sa mort, trouvée dans son atelier inachevé sur son chevalet, marque le point final de cet événement artistique.
Cinq sections stratégiques déterminent la trajectoire de cet artiste révolutionnaire : L’apparition des portraits – Au-delà de l’apparence – Peintures inspirées des Maîtres – Autoportraits – Amis et amants. L’exposition retrace l’évolution de Bacon dans sa façon d’envisager le portrait traditionnel en le contestant.
Les œuvres de jeunesse montrent des personnages qui expriment leur souffrance en hurlant. Il s’agit d’une période où Bacon s’inspire du monde de l’après-guerre. L’exposition débute avec une sélection de ses premières peintures comme Head VI (Tête VI, 1949) et Study of the Human Head (Étude d’une tête d’homme, 1953), représentations de personnages anonymes de sexe masculin. Ces deux illustrations respectent les conventions d’un portrait formel. Les modèles occupent les trois-quarts d’un format traditionnel et se détachent d’un fond sombre. Dans Head VI, l’individu est emprisonné dans une cage transparente, tandis que dans l’Etude d’une tête d’homme, le protagoniste nous observe à travers des stries, évoquant des rayons X qui révèlent d’une manière déconcertante le crâne et les dents du modèle. Revisités par Bacon, qui bouleverse la tradition, des hommes puissants et célèbres apparaissent dans ses premières toiles totalement déstabilisés.
Si Bacon n’a jamais vu l’œuvre originale de Vélasquez comme Le Pape Innocent X (1649-1650) ou de Van Gogh Le peintre en route à Tarascon (1888), ces peintures deviennent une grande source d’inspiration pour l’artiste. Il emprunte et réinvente des éléments pour chaque peinture notamment inspirés par une masse de documents certains arrachés à des livres, des articles de journaux, un conglomérat de papier déchiré, le tout jonchant le sol de son atelier. Il s’impose ce défi pour rendre hommage au portrait tout en le remettant en question. Son intérêt pour Van Gogh le pousse à s’éloigner d’une iconographie sombre et monochrome. Bacon opte pour l’introduction de la couleur qui caractérisera son travail dans le futur.
Au milieu des années 1950, Bacon renonce à camper des figures qui hurlent, mais il continue de créer des images ambiguës et troublantes. Choisissant, pour la première fois, de peindre selon le modèle vivant, il réalise des portraits de ses mécènes et collectionneurs Robert et Lisa Sainsbury ainsi que de son ami, l’artiste Lucian Freud. Ces deux représentations figurent dans la section Au-delà de l’apparence. Cependant, Bacon n’estime pas la peinture selon le modèle, il trouve cette approche contraignante. Alors qu’il apprécie les qualités d’immédiateté dans l’application de la matière picturale, Bacon commence à s’éloigner de plus en plus de la peinture réalisée en atelier selon le modèle vivant, préférant davantage s’inspirer de photographies ou puiser dans sa mémoire. Cette approche lui donne la liberté de disloquer à sa guise ses sujets et de protéger ses modèles d’éventuels préjudices causés par son interprétation. Recevant en cadeau un modèle d’un masque daté de 1823 du poète et artiste William Blake, acheté à la boutique de la National Portrait Gallery, fasciné, Bacon peint un portrait fondé sur cet objet ancien.
Un autre maître vénéré par Bacon est Rembrandt ; il l’admire pour son style « anti-illustratif » (déclaration de Bacon). Ce mot de l’artiste peut être interprété comme « anti-figuratif ». Pendant son séjour en France, Bacon étudie les coups de pinceaux appliqués par Rembrandt pour son Autoportrait au béret (1659). Il possède plusieurs reproductions dudit portrait dans son atelier de Londres. Pour cette raison, dans la section Peintures inspirées des maîtres un autoportrait de Rembrandt au béret, huile sur panneau de bois de 1659, prêté par le musée Granet d’Aix-en-Provence, rappelle combien cet autoportrait influence et nourrit l’inspiration des autoportraits de Bacon, capable d’exprimer avec l’empâtement de la matière une ressemblance. Cette œuvre de Rembrandt peut être considérée comme tutélaire pour les autoportraits de Bacon.
Comme Rembrandt, Bacon s’est consacré tout au long de sa vie de peintre à l’autoportrait, exécutant son visage plus de cinquante fois au cours de son existence, allant des têtes de petit format jusqu’à une représentation de figures en pied réalisée sur de grands triptyques. Bacon est également dessiné par d’autres artistes, en particulier des photographes pour lesquels il pose tout au long de sa carrière. Cette exposition montre des clichés de portraits et des films, réalisés par des photographes célèbres du XXe siècle, comme Cecil Beaton, Arnold Newman, Bill Brandt et Mayotte Magnus.
Bacon réalise quelques autoportraits parmi les plus poignants et les plus introspectifs peu après la disparition de ses proches. Quand son partenaire de presque toute une vie, Peter Lacy décède en 1962, Bacon réagit avec un petit triptyque de portraits en mémoire de leur relation. Dix ans plus tard, Bacon perd son amant George Dyer ; sa présence dans de si nombreuses peintures se révèle récurrente. Le départ de Dyer donne naissance de la part de Bacon à un
groupe remarquable d’autoportraits dont celui de 1973, exprimant son chagrin et son isolement, lui ouvrant un chemin pour se confronter à sa propre mort.
L’œuvre de Bacon évolue dans les années 1960 avec des portraits plus personnels se concentrant sur une sélection plus choisie de ses modèles. Les peintures des amis et amants de l’artiste qui l’inspirent tout au long de sa vie, se trouvent au cœur de l’exposition Francis Bacon : Présence humaine. Transcendant la ressemblance, les portraits de Bacon représentent quelques-uns de ses contacts les plus intimes, impliquant son partenaire Peter Lacy, son amant George Dyer, son compagnon des vingt dernières années, John Edwards ; son amie Henrietta Moraes, Muriel Belcher, la fondatrice du Colony club, (club privé pour artistes situé à Soho) et ses amis et collègues Lucian Freud et Isabel Rawsthorne. Ces groupes de portraits éclairent la biographie de Bacon – sa sociabilité et ses liaisons tumultueuses, mais parlent aussi, de sa sensibilité exacerbée jusqu’au désespoir, du chagrin et de la douleur. Comme Bacon choisit de ne pas peindre selon les modèles vivants, il avoue en être incapable, sauf s’il les connaît très bien, ses peintures s’avèrent ainsi plus intimes et personnelles malgré leur distorsion. Il préfère travailler selon des photographies, parfois déchirées et froissées, reçues de l’ancien photographe de Vogue, John Deakin, dont une sélection se trouve dans l’exposition.
Cet événement exceptionnel présente l’œuvre d’un des plus grands peintres du XXe siècle, profondément engagé dans l’art du portrait, avec une mise en scène alliant peintures et photographies d’une manière sans précédent.
„Le portrait domine l’œuvre de Francis Bacon, il s’y engage totalement pour démontrer au- delà de toute attente, comment une telle exploration si intense, voire extrême, peut conduire. Pour Bacon, il s’agit d’un genre fondamental, capable d’exprimer la profondeur de l’âme. Aussi, je suis enchantée de réunir pour la première fois, depuis que nous sommes à Londres, à la National Portrait Gallery, autant d’œuvres de Bacon, considéré comme un des plus grands peintres du XXe siècle. Cette exposition dédiée à de nombreux portraits, montre par ce mariage d’image et de peinture, un événement unique dans sa conception.“
Rosie Broadley, Curatrice adjointe et commissaire des collections du 20ème siècle de la National Portrait Gallery, Londres.
Fondation Pierre Gianadda Rue du Forum, 59 – 1920 Martigny (Suisse)
Tél. 00410277223978
Sito internet : www.gianadda.ch Mail : info@gianadda.ch
Commissariat de l’exposition. Rosie Broadley, Co-responsable du département de la conservation et conservateur principal des collections du XXe siècle, National Portrait Gallery, Londres
Catalogue de l’exposition. Francis Bacon : Présence humaine par la commissaire Rosie Broadley. Essais de Richard Calvocoressi, James Hall, Martin Harrison, Dr. Gregory Salter, Tanya Bentley, Georgia Atienza et John Maybury. CHF / € 35.–
Tarifs
Jours et horaires d’ouverture. Tous les jours de 10h00 à 18h00.
Visites commentées en principe les mercredis à 19h00. Au tarif normal, sans supplément (dates à consulter sur notre site Internet)
Visites commentées payantes sur demande en français, allemand ou anglais Groupes dès 15 personnes : conférence CHF/€ 130.– + tarif de groupe. Groupes de moins de 15 personnes : forfait de CHF/€ 400.
Librairie – Boutique – Restaurant – Pique-nique dans les jardins.
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